Ce soir, en clôture, les journées gaies et lesbiennes de Pau proposent « Paragraph 175 » de Rop Epstein et Jeffrey Friedmann, 1999, 81 min, vostfr. Projection en présence de Mickaël Bertrand, historien et auteur de "La Déportation pour motif d'homosexualité en France" (2011).
On appelle paragraphe 175 l’article 175 du Code pénal allemand qui condamnait l'homosexualité masculine, de 1871 à 1994. Le film documentaire « Paragraph 175 » lève le voile sur les histoires occultées de milliers d'homosexuels allemands internés dans les camps de concentration de l'Allemagne nazie. Des documents originaux uniques alternent avec les témoignages de survivants, évoquant avec amertume et ironie les traques, les persécutions et les crimes subis.
Entre 1933 et 1945, selon les archives des Nazis 100.000 hommes furent arrêtés pour homosexualité. Plus de 10.000 d'entre eux furent envoyés dans des camps de concentration. Le taux de mortalité des homosexuels prisonniers dans les camps est estimé à soixante pour cent. À peine 4000 d'entre eux survécurent. "Peu" ont été envoyés dans les chambres de la mort. Esclaves des camps, victimes de tortures physiques, castrés ou cobayes pour des expérimentations médicales, ils devaient tous arborer le triangle rose. Le fait que les homosexuels furent emprisonnés dans les camps de concentration est relativement connu aujourd'hui.
En revanche on ignore généralement que beaucoup d'entre eux ont continué à subir des persécutions dans l'Allemagne de l'après-guerre. Le Paragraphe 175 n'a été aboli en Allemagne de l'Ouest qu'en 1969, et nombre d'homosexuels emprisonnés pendant la guerre sont restés en détention après la libération. Ils n'eurent pas droit à des réparations de la part du gouvernement allemand et tout le temps qu'ils passèrent dans des camps fut déduit de leur retraite. Dans les années 50 et 60, le nombre de condamnations pour homosexualité en RFA ont été aussi importantes qu'à l'époque des Nazis.
Aucune mention de ces crimes ne fut faite au procès de Nuremberg en 1946. Le travail de recherche, les monuments aux morts et les musées passent sous silence le sort des déportés homosexuels dans les camps de concentration Nazis. Dans les années 90, des chercheurs ont commencé à se documenter sur les histoires personnelles de ces hommes qui portaient le triangle rose. Le premier organisme à prendre en compte la persécution des homosexuels par les Nazis fut le Musée pour la Commémoration de l'Holocauste à Washington; il encouragea des survivants à sortir de leur silence. En 1995, huit survivants ont publié une déclaration collective pour réclamer la reconnaissance de leur persécution.
Nous vous encourageons vivement à assister à cette projection. Mais pour celles et ceux qui habitent loin de Pau , voici le début film qui est proposé sur Dailymotion en quatre parties :