Ah ! Il aurait dû se méfier…voici quelques années déjà, une précédente tentative de rando nocturne sur ce même parcours s’était soldée par une pitoyable rébellion des troupes ; tout cela en raison d’un misérable orage, aussi inattendu que bref…Mais Bernard ne croyait pas au signe indien. Il commença par noter la fonte des effectifs sous les effets de la canicule annoncée ; une douzaine de Bascos avaient quand même répondu présents pour cette virée sur Donostia. D'un optimisme inoxydable, il était confiant.
Et pourtant, dès les premiers instants, la tragi-comédie s’enclencha ; inexorable. Dés le premier rond point, M, éternel étourdi, commença par perdre de vue ses petits camarades et se mit à tourner frénétiquement tel un insecte attiré par la lumière… Il fallut procéder à un arrêt scabreux de la troupe sur la bretelle d’autoroute, le temps de remettre les choses en ordre.
Toute la petite équipe prit alors la direction de Passaia où les passagers descendirent tandis que les chauffeurs filaient sur Donostia garer leurs véhicules au point d’arrivée de la rando.
Rendez-vous était donné à Pasajes, les uns prenant le bus pour revenir de Donostia, les autres prenant le bac pour traverser le port …Pasajes …aie ! aie ! aie ! terrible imprécision pour un géographe. Bernard le comprit mais trop tard dans le bus qui fonçait dans la mauvaise direction (il existe en effet plusieurs Pasajes et c’était pas le bon). Fatalitas !
Mais chacun le sait rien n’arrête les Bascos : en une seconde ils décidèrent de réagir: stopper un chauffeur totalement éberlué, dévaler du bus, foncer comme des fous à travers les ruelles pour finir par réquisitionner la première embarcation venue et rejoindre par la mer Pasajes…Pasajes San Pédro (bien sur !) où les autres les attendaient à l’arrêt de la ligne de bus…
Ce furent d’émouvantes retrouvailles. De courte durée : Antxon, l’honorable correspondant d’Usurbil appelait pour signaler qu’un incendie avait ravagé dans la nuit une partie du parcours de la rando et qu’il ne garantissait pas la faisabilité de l’opération … La totale! Malgré tout un point positif : la température affichait un tendre et doux 23°…
Les Bascos s’élancèrent donc sans véritable certitude sur la conclusion de la marche. Mais à cœurs vaillants rien d’impossible. Mûe par une solidarité sans faille (lol ! toute l’expédition a été contrainte de signer un engagement à ne pas divulguer quelques « menus détails » risquant de compromettre le triple A des Bascos) la petite troupe réussit finalement non seulement à passer mais à arriver largement à temps pour siroter un délicieux rosé pamplemousse avant d’assister ébahis à un fabuleux feu d’artifice. Instants magiques.
Mais le destin guettait toujours…A peine descendu sur la ville et avoir rejoint Antxon et son époux ( deux hommes mariés ? Si Monseigneur l’évêque de Bayonne savait çà !) , A constata avec effroi qu’il avait égaré le ticket du parking. Recherches aussi désordonnées qu’infructueuses. De guerre lasse tous nos Bascos se réfugièrent dans un bar pour une canã bien méritée, la bière ayant de sérieuses vertus réparatrices comme chacun le sait.
Les uns décidèrent alors de rejoindre « une auberge de jeunesse » réservée par le web, s’enfonçant sans le savoir dans de nouvelles aventures nocturnes qui mériteraient à elles seules un autre post…les autres reprenant le chemin du retour ; enfin en principe…
Un merveilleux marchand de glace stoppa certains gaillards dans leur élan. Ils ne surent résister à tant de plaisirs réunis.
Ils dégustaient religieusement d’immenses cornets préparés avec tout l’amour du métier lorsqu’un des lascars, B, prit conscience qu’il n’était pas dans le bon groupe, que le chauffeur qui le transportait s’était sans doute déjà envolé avec armes et bagages et surtout les clés de son appartement. Oups !
Et de courir comme des dingos direction le kursal …d’où surgit E, telle Glenn Close à la fin des Liaisons fatales , hurlant après cet étourdi que tous attendaient depuis près d’une demi heure. Eclats de rire, jaune pour certains.
Stoïque et décidé à achever dans la dignité la conduite de cette équipée étonnante, Bernard regagna de son côté son véhicule et se dirigea vers la sortie. Il eut beau introduire le ticket dans tous les sens, la barrière refusait de s’ouvrir. Alertée par le blocage qui se créait la sécurité arriva et constata sans sourire que "le leader charismatique" (lol) essayait de sortir avec un ticket périmé de la ville de… Bayonne ( confusion à mettre peut-être sur le compte de l’âge).
La voiture filait maintenant sur l’autoroute. Bernard fit remarquer que les camions étaient décidément mal éclairés. Silence embarrassé. Un passager lui fit délicatement remarquer que sa perception s’améliorerait s’il enlevait les lunettes de soleil, oubliées sur son nez depuis la fin de l’après-midi.
Il y a des jours comme çà…
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