La PMA est victime d'un renoncement, qui plus est, humiliant, mais hélas prévisible et sans doute déjà acté à l'issue du vote de la loi ouvrant le mariage et l'adoption .
PATATE CHAUDE : D'abord envisagée sous forme d'un amendement accompagnant la loi mariage et adoption pour tous, la question de la PMA a été, sous les coups de boutoir de la Manif pour tous, repousée à une loi Famille à venir ; puis soumise à la consultation le Comité Consultatif National d’Ethique, avant l'abandon en rase campagne de ladite loi Famille après l'ultime manif des anti-égalité en février dernier.
Ne mâchons pas nos mots : on nous a menés en bateau mais cela chacun le savait plus ou moins.
Cependant la méthode est inélégante et totalement humiliante : la vague d’homophobie qui a marqué les manifestations anti-égalité aurait pu supposer un brin de respect des formes de la part des gouvernants. De rien : le renoncement a été brutal et acté en trois coups de cuillère à pot.
Laurence Rossignol, secrétaire d’État à la Famille, à dans un premier temps annoncé que le moment n'était pas à légiférer sur la PMA avant de recevoir ce lundi les opposant.e.s à l’égalité des droits...(et les rassurer bien sur les pauvres chéris!!! ) Des propos « d'apaisement » repris ce dimanche par Marisol Touraine sur FR3 et cela juste avant le coup de grâce (sic) : depuis Rome (re-sic), Manuel Valls qui assistant à la canonisation de deux papes ( dans une pathétique danse du ventre pour séduire l'électorat catho) ne déclare au Figaro (re-re-sic) que le gouvernement « s'opposerait à tout texte ou amendement de la majorité sur la PMA.» Fermez le ban , y a rien à voir: bref la totale !
Grosse gueule de bois pour tous les militants qui n'avaient pourtant pas vraiment d'illusion mais qui sont tombés de leur chaise devant tant d'accumulation d'avanies.
Disons le clairement , la responsabilité du gouvernement est totalement engagée, évidemment. Y a pas photo : le courage politique n'est pas franchement au rendez-vous !
Mais en rester la est aussi totalement insuffisant : crier à la trahison ça fait du bien sur le moment mais ça ne règle rien pour l'avenir.
ANALYSONS: tétanisé par une minorité obscurantiste mais organisée, bruyante et discrètement mais efficacement soutenue par la hiérarchie catho, l'exécutif a en fait acté un rapport de force contre nous. Les anti ont su mobiliser leurs troupes , sur la durée et mieux, bien mieux, que les partisans de l'égalité. Leurs manifs pour tous, relayées par les religieux, ont pesé bien plus que nos manifs pour l'égalité.
C'est triste à dire mais il nous faut en être conscient pour la suite de la bataille.
Et nous avons désormais face à nous un appareil organisé contre nos droits et en pleine confiance après la reddition Hollando-Vallsienne. De notre coté, nos associations sont totalement émiettées, dispersées en plusieurs fédérations, éparpillant les maigres forces et moyens. Face à des moyens humains, financiers, politiques conséquents, nos forces ont fait vraiment pâles figures. La bataille était inégale.
L'urgence est donc d'abord à la transformation de nos associations qui doivent apprendre à jouer de tous les ressorts, juridiques, fiscaux et de communication, qui doivent surtout conquérir des ressources suffisantes, dans le privé comme dans le public, pour peser efficacement. Nos associations doivent aussi impérativement s'unir, sous quelque forme qui conviendra : une structure rassemblant toutes les associations dans le respect de leur identité, est indispensable pour pouvoir être efficace à l'avenir.
L'urgence est aussi à la recherche des alliés, féministes, laïcs, progressistes comme nous avons commencé à le faire pendant les manifs de l'année passée.
Soyons lucides : l'avenir sera rude. Les perspectives politiques s'annoncent difficiles avec les échéances électorales plus qu'inquiétantes. Rien ne nous sera donné : il va falloir donc compter d'abord et surtout sur nos propres forces, notre capacité à convaincre, à mobiliser. Un vrai travail théorique, argumentatif s'impose pour gagner la partie sur de nombreux sujets et la PMA notamment. Le thème de l'égalité ne saurait suffire à lui seul.
Alors pour échapper à la déprime commençons d'abord par acter la victoire remportée le printemps dernier avec la loi sur le mariage, car il y a eu bataille et il y a eu victoire au rebond de l'alternance. Ne l'oublions pas car minorer cette victoire constituerait une erreur ; et cela même si la loi est incomplète. Mais aussi en considérant qu'il y a eu véritablement échec sur la PMA sans parler d'autres sujets d'ailleurs.
C'est donc un long combat qui s'annonce maintenant, mais avons-nous vraiment d'autres choix ?